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L'enseignement supérieur doit aussi maîtriser le langage et l'évolution des compétences

Dans le marché du travail, les chercheurs d'emploi et les recruteurs ont besoin de bien articuler les compétences dont ils disposent et celles dont ils ont besoin pour mieux se retrouver, dans l'idéal, le plus efficacement et rapidement possible. L'information sur les tendances de l'emploi, surtout eu égard les compétences, est un moyen clé pour aligner les niveaux d'information entre demandeurs et offreurs de travail, permettant in fine de limiter l'inadéquation existante entre l'offre et la demande, et de réduire le gap de compétences qui caractérise le marché depuis quelques années, particulièrement exacerbé par la crise du COVID-19.


Toutefois, même si cette information favoriserait une meilleure compréhension entre les chercheurs d'emploi et les recruteurs, et d'identifier matériellement le gap des compétences entre les deux, il serait toujours nécessaire de combler ce déficit afin de faire correspondre l'un à l'autre. Il s'agit ici de l'espace occupé par les acteurs de l'enseignement supérieurs et la formation professionnelle, qui assurent essentiellement le pont entre les compétences requises par les employeurs et les cours ou modules qu'ils délivrent aux apprenants. Les établissements d'enseignement ont en effet un positionnement pivot entre les étudiants (jeunes et expérimentés) et le marché du travail, devenant ainsi l'endroit idéal où l'alignement des compétences est réalisé.



Cependant, pour que cet écart de compétences puisse être comblé avec succès, il est essentiel que le monde de l'enseignement supérieur, et plus généralement l'ensemble des acteurs de la formation, parlent et comprennent eux-mêmes le langage des compétences, le même exploité par ceux qui cherchent un travail et par les entreprises dans le recrutement et la planification de leur capital humain. Bien que le principe paraisse évident, il constitue en quelque sorte un changement radical de paradigme par rapport à la pratique traditionnelle, où l'approche par les qualifications et leur rapport aux professions a été privilégiée pour faire le pont entre les apprenants et les employeurs.


En effet, plusieurs évolutions ont marqué ces dernières années la façon par laquelle les employeurs envisagent le recrutement et la gestion RH. Pour un grand nombre de postes, ces derniers expriment de moins en moins d'intérêt à savoir si un candidat possède telle ou telle qualification, mais sont davantage focalisés sur l'évaluation du candidat vis-à-vis des compétences et capacités dont il a besoin pour remplir le rôle auquel il sera affecté.


Comment les acteurs de l'enseignement peuvent-ils utiliser le langage des compétences pour mieux comprendre les besoins des employeurs et les refléter dans les cours et modules de formation ?


Il existe une réponse à court et à long terme à cette question. À court terme, un moyen d'adresser le problème est de se tourner vers l'analyse en temps réel des offres d'emploi (en ligne, on compte chaque semaine plus d'un million d'offres d'emploi uniques), qui peut nous aider non seulement à avoir une meilleure compréhension générale de la demande actuelle des employeurs, mais aussi pour étudier les besoins en compétences à un niveau très granulaire, et ce, grâce à nos intelligences artificielles spécialisée et nos ontologies des compétences basées sur les référentiels internationaux (ESCO, ROME, etc.). Par exemple, si nous imaginons un Career Center d'une école d'ingénieurs souhaitant comprendre la demande des employeurs pour les métiers de l'environnement pendant la crise, ils pourraient commencer par utiliser les données pour déterminer les employeurs, les métiers les plus recherchés ainsi que les compétences phares, par région ou par niveau d'expérience. Dans la vidéo ci-dessous, nous relatons un exemple concret auprès de l'un de nos clients :



En utilisant ces données, un établissement de formation peut très rapidement comprendre les compétences dont les employeurs de ses spécialités/régions ont besoin, avant d'exploiter cette information pour évaluer dans quelle mesure les cursus actuels répondent à ces besoins en compétences, et ensuite réfléchir à une stratégie visant à adapter constamment la formation et l'accompagnement des étudiants, en incorporant ou créant de nouveaux contenus ou MOOCs par exemple.


A plus long-terme, la question à laquelle il faudrait répondre est la suivante : comment le langage des compétences peut-il transformer la façon de penser les qualifications?


Comme nous l'avons mentionné ci-haut, l'approche des employeurs vis-à-vis des qualifications a beaucoup changé ces dernières années, constatant que les candidats supposés être qualifiés pour un emploi ont souvent de grandes lacunes dans les compétences et la capacité à remplir efficacement leurs rôles. Cela signifie que l'époque où la qualification sécurise le parcours de carrière est en train de s'estomper plus rapidement qu'on ne le pense. Si les employeurs adoptent une nouvelle façon de faire et de penser, le système des qualifications doit s'adapter à son tour.


Une fois de plus, maitriser le langage des compétences présente une voie prometteuse pour réformer le système de qualifications. En effet, tout comme les emplois peuvent être décomposés en composantes de compétences, les qualifications le peuvent aussi. Chaque qualification est essentiellement composée de nombreux blocs de compétences, qui peuvent être identifiés à l'aide des référentiels et facilités par les intelligences artificielles par exemple. Cela donne la possibilité de créer un système qui est beaucoup plus nuancé qu'il ne l'est le cas actuellement, où au lieu des «blocs» de qualification, nous avons plutôt une série de blocs de compétences que nous pouvons considérer comme constituant une qualification, et qui peuvent être dynamiquement ajoutés et complété afin de mieux refléter l'évolution rapide du marché du travail.


Cela veut dire que la formation menant à une qualification serait mieux à même à assurer l'accès des apprenants à la fois aux compétences de base et aux compétences de niche nécessaires et demandées par les employeurs. Bien entendu, le caractère des qualifications pourraient être modifié, se limitant à des périmètres et durées précis, et éventuellement nécessitant une formation continue pour les professionnels souhaitant continuer à utiliser cette reconnaissance pour exercer.


Le langage des compétences peut donc s'avérer crucial pour repenser complètement la façon dont on relie les emplois et aux qualifications, chacun étant renvoyé à ses différentes composantes de compétences. Il s'agit là d'une nouvelle approche capable de contribuer à la réduction du gap de compétences, en rendant le processus qui a pour objectif de "mettre en relation les individus possédant les bonnes compétences, aux emplois ayant besoin de ces compétences, à travers la formation qui peut fournir ces compétences" beaucoup plus efficace et tellement plus facile qu'il ne l'est actuellement, au bénéfice de tous.


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